The Tower of Leires

Il y a une période dans l’année où ma Lorraine natale me manque, c’est le mois de décembre.
Le neige à gogo, les écoles fermées, les bons chocolats chauds devant la cheminée, les beaux marchés de Noël, les gâteaux de Noël, le vin chaud, la Saint-Nicolas… Bref, il y a un bon nombre de choses qui font que Noël dans l’est, c’est autre chose.
Et moi je voudrais bien pouvoir décorer le sapin le week-end de la Saint-Nicolas après être allée voir le défilé, avec une petite assiette de spritz.
Pourquoi on n’a pas ça, ici?

Comme je regarde à nouveau l’intégrale d’Utena, je me pose beaucoup de questions très intéressantes. Avec une de mes amies, on s’interroge intensément sur certaines images. Pourquoi la grosse voiture rouge ? Et surtout, pourquoi le kangourou boxeur ? Et pourquoi un œuf ? Bien évidemment, pourquoi la cloche de vache aussi ?

Les habitués l’auront compris, je me refais l’intégrale d’Utena. J’ai vu la série pour la première fois il y a dix ans. Et 10 ans plus tard, je me remets à suivre Utena et Anthy. Pourquoi ? Je suis peut-être d’humeur nostalgique encore une fois. Cependant, il ne peut pas y avoir que ça. Utena c’est quand même très spécial. Absurde, burlesque et totalement malsain. Alors on peut regarder ça quand on a “déjà” 14 ans, il y a quand même des moments où on va se dire “mais qu’est ce qui s’est passé, je comprends pas…” et des moments où on va s’étrangler devant une scène avec un planétarium pour décor. J’ai 24 ans et je me demande encore comment et pourquoi l’idée de la cloche de vache ou autres absurdités. Et je m’étrangle toujours devant le planétarium (et ce malgré le fait que je connais l’histoire). On pourrait dire qu’en 10 ans je n’ai pas évolué, donc. On pourrait. Pourtant je ressens les choses différemment. Je connais l’histoire, je sais ce qui arrive aux personnages, je sais que c’est affreux. Pourtant je me laisse encore avoir, j’ai le cœur qui bat quand les lumières s’éteignent, je bug à chaque fois que j’entends Hikari Sasu Niwa, et je crois encore aux miracles.
Mais le sentiment est différent. Je ne saurai pas dire ce qui a changé, simplement je ne regarde plus les choses de la même façon. Je me perds dans un épisode parfois, je me dis “mais qui a eu l’idée du curry high trip ?”, je serre les poings en regardant les étoiles… Mais mon regard a changé. Des petites choses m’avaient échappées la première fois, et maintenant c’est ce qui attire mon attention en tout premier. Je ne sais pas trop si c’est le fait de connaitre, de savoir ce qui va se passer qui fait que j’ai l’esprit plus libre pour les “petits détails” qui ont leur importance, ou bien si c’est simplement parce que quand on grandit, on perçoit mieux certaines choses, en particulier les choses malsaines.

Autre chose. J’ai le pseudo d’Anthy depuis des années et je ne m’en séparerai pas. Pas parce que j’aime le personnage (bah oui, non, quand même…) Après tout je n’ai plus grand chose à voir avec la fille à lunettes qui dit “amen” à tout. Même si au final, quand je me fais tabasser dans la rue, je suis très très loin d’être le fier prince sur son cheval blanc et que je reste toujours la princesse sans défenses. Mais parce que je sens qu’elle fait partie de moi. Et ça, qu’est ce que j’y peux ?

La vie continue. Je cicatrise petit à petit, tout doucement. J’ai toujours des douleurs et c’est normal, ma blessure est laide d’après les médecins. Mais je marche plus normalement, c’est déjà ça. Évidemment, je ne vais pas me mettre à courir tout de suite, me mettre à dormir sur le ventre juste comme ça, ça va prendre un peu de temps encore. Mais tout va dans le bon sens. Quand j’y pense, j’ai quand même eu une sacrée chance…
Je ne l’ai pas fait assez je pense donc je le redis : merci aux gens pour leurs visites à l’hôpital, leurs petits mots, leurs coups de fil, leur soutien. Merci beaucoup à ceux qui prennent encore de mes nouvelles maintenant, ceux qui sont assez proches de moi pour avoir le bon sens de penser que ce n’est pas parce que je suis sortie de l’hôpital que tout va mieux, à ceux qui n’oublient pas que j’ai d’autres choses à prendre en considération.
Merci les gens, je vous aime.
Bien entendu, quand je dis les gens, je parle des amis. Pas des inconnus dans la rue qui passent à côté d’une personne affalée par terre après s’être fait agresser et qui la contournent soigneusement. Très très soigneusement.
Non assistance à personne en danger, vous connaissez ?

On m’a demandé comment on se sentait avec un “corps étranger” à l’intérieur de soi. La question est un peu bizarre et j’avoue que je n’avais jamais vu les choses sous cet angle. Pour moi, j’avais juste un truc de la taille d’un pamplemousse qui n’aurait pas du se trouver là mais qui au final l’a toujours été, je suis apparemment née avec et ça a “grandi” avec moi. Je ne me sens pas mal d’avoir ça, bien au contraire après tout. Simplement, c’est vrai que quand je commence à imaginer concrètement la chose, je me sens dérangée psychologiquement. Pas physiquement parce qu’après tout, je ne l’ai jamais senti, mais psychologiquement parce que… Bah essayez d’imaginer que vous avez un kyste de 16cm de diamètre dans le ventre. C’est plutôt perturbant, d’une certaine façon, d’autant plus que ça va continuer de grossir si je ne me le fais pas retirer. La question est : est-ce que j’ai vraiment envie de me le faire retirer ? Après tout, dans quelles mesures est-ce que ça me dérange ? Est-ce que ça vaudrait le coup de perdre un de mes ovaires pour me faire enlever quelque chose qu’au final je ne sens même pas ? Ou bien est-ce que ça pourrait me gêner pendant une grossesse ? C’est vrai que je me pose beaucoup de questions et que j’ai hâte de pouvoir en parler avec le médecin.

Enfin de retour à la maison après une semaine d’enfer à l’hôpital.
Toutes ces histoires ne sont pas réglées mais je tiens quand même à remercier énormément les personnes qui ont pensé à moi, qui sont venues me rendre visite, m’ont envoyé des messages et m’ont appelée par l’intermédiaire du cher et tendre. Tout ça m’a beaucoup touchée et beaucoup aidée.

J’ai passé l’heure la plus longue de ma vie sur la table d’opération et je voudrais m’excuser encore auprès des médecins sur lesquels j’ai vomi pendant cette heure là. Oh et puis non, c’était pour me venger de la sonde gastrique. Je retire et je ne m’excuse finalement pas huhu.

Et effectivement, c’était la semaine la plus longue de mon existence. Impossible de dormir pour tout un tas de raisons, une douleur que même la morphine n’apaisait pas, et une paralysie quasi totale. Alors évidemment, vu les circonstances, tout aurait pu être largement pire que ça.
Voyons ce que l’avenir me réserve, parce que ce n’est malheureusement pas terminé. Mais pour le moment je suis à la maison… Et j’apprécie infiniment rien que le fait de me tenir assise sur une chaise. Je relativise. Tout aurait pu être pire. Et au final tout ça a permis aux médecins de déceler quelque chose de très préoccupant. En plus, laissez-moi vous dire que c’est vrai, j’apprécie d’être allongée parce que je souffre beaucoup. Mais j’adore également la sensation d’être assise. C’est à partir du moment où j’ai pu m’asseoir dans un fauteuil que j’ai commencé à aller mieux. Vraiment vraiment mieux, quelque chose de fulgurant. Je suis passée de l’état de légume incapable de se redresser toute seule dans son lit, complètement décalquée par la morphine, à quelqu’un qui peut faire sa toilette toute seule. Après trois heures assise dans un fauteuil et quatre heures de sommeil.

Alors évidemment je passe sous silence tous les détails sordides de l’agression que j’ai subie et tous les détails médicaux pour les personnes sensibles, le fait est que je suis rentrée à la maison et ça fait du bien. Je ne dis pas que je me sens en sécurité parce que c’est très très loin d’être le cas. Simplement j’apprécie d’être avec mon mari, d’être couchée dans mon lit à caresser mon chat, de pouvoir manger quelque chose (parce que bon, être privée de nourriture et d’eau pendant 4 jours et n’avoir que de l’eau et du thé pendant deux jours, c’est dur), de pouvoir prendre une douche sans l’aide de personne et juste d’être au calme, pas réveillée par une prise de tension à 3h du matin ou une prise de sang à 5h30 (quand c’est pas la tension prise automatiquement tous les quart d’heure, ça c’est l’enfer !)

Évidemment j’ai perdu du poids. En me regardant dans la glace hier en rentrant, je n’ai pas reconnu mon visage. et en voyant mon corps dans la glace j’en ai pleuré. Je suis difforme. Je n’ai plus qu’à espérer que mon foie se remette du choc et qu’il dégonfle, et que je reprenne un peu de poids…

Fut un temps où j’arrivais à écrire et à me livrer beaucoup plus que maintenant.
Aujourd’hui, je pense que tout ce que je serais capable d’écrire se résumerait à “…”
Interesting, isn’t it ?

Je ne pensais pas que ça se remarquerait autant, mais pourtant, il faut croire que si, et c’est tant mieux. J’ai perdu du poids.a Mes jeans me le disent gentiment en me tombant sur les hanches. Note pour moi-meme : priorité aux ceintures lors de ma prochaine escapade shopping. C’est bien, oui, mais bon,a quelques mois auparavant, j’avais donnéa a ma petite soeur de 17 ans tous les pantalons qui ne m’allaient plus et que je pensais ne plus jamais pouvoir remettre… Haha. Je ris.

Mes vetements m’ont dit que j’avais maigri, donc. Mais mes proches aussi.
“T’as maigri, toi, et pas qu’un peu !”
Oui, merci d’avoir remarqué, ça me fait plaisir.
“Regarde ta soeur, elle a maigri et ça se voit.”
Merci maman, pour une fois que tu ne me fais pas remarquer que je ne suis pas du tout faite pareil que ma petite soeur…
“Oh ben c’est vrai que tu as maigri, c’est une des premières choses que ta mère m’a dite au téléphone.”
De mieux en mieux, maman, merci !

Il a fallu que je me pèse quand meme. Donc, j’ai perdu 5 kilos en deux semaines, voila.
Bien sur, ça me fait très plaisir, le mieux étant le moment fatidique ou j’essaye le tailleur que ma mère m’avait offert quand j’avais 17 ans et que je rentre dedans ! Oui, vraiment, c’est le mieux.

Après, bien sur, il y a le moins bien. Les pantalons actuels qui tombent sur les hanches, les proches qui tirent la gueule en voyant ce que je mange, les remarques qu’on peut me faire par rapport a la nourriture, et mon rapport a la nourriture en lui-meme. Mais je ne vais pas m’étendre sur les aspects négatifs de ma perte de poids, pour des tas de raisons. Le fait est que les gens ne sont jamais contents. Quand je grossis, on me le fait remarquer en ajoutant tout de suite après “mais tu es très bien comme ça”, d’un air gené, et quand je mincis, on me fait remarquer d’abord que “c’est super”, puis que “mange équilibré, ne fais pas n’importe quoi”…