The Tower of Leires

L’administration française… En voilà un sujet sur lequel je pourrais écrire un bouquin entier, si je n’avais que ça à faire. Il ne s’est pas passé un an sans que je ne me batte contre elle, que ce soit pour la fac, la sécurité sociale, l’hôpital… Et aujourd’hui je vais parler de l’hôpital.

Quand on est enceinte, on ne sait pas trop par où commencer. Le test est positif (ou les tests, c’est selon), donc on va chez le médecin pour qu’il prescrive une prise de sang, on fait la prise de sang et la grossesse est confirmée une deuxième fois. Alors oui, mais et après? Quand doit-on déclarer la grossesse, quand doit-on faire la première échographie, quand doit-on passer la première visite obstétrique, la première visite avec la sage femme? Est-ce qu’on continue à voir le même gynécologue durant la grossesse? Et bien sûr, quand on y connait rien, qui a réponse à tout? Internet, bingo! Alors Internet dit que:
- on déclare sa grossesse avant la 14ème semaine de grossesse et qu’on attend en général après la première échographie.
- on s’inscrit à la maternité vers la fin du troisième mois
- on peut choisir la maternité qui nous plait. Il y a d’ailleurs des grands dossiers un peu partout intitulés “comment bien choisir sa maternité” avec des chiffres, des pourcentages, des notes, des témoignages…

Alors je ne sais pas comment c’est ailleurs, mais ici:
- on déclare sa grossesse dès que le médecin nous donne la feuille, peu importe s’il y a fausse couche avant la fin du troisième mois, mais la sécu est lente à envoyer les papiers, vous savez…
- on s’inscrit à la maternité dès qu’on a fait sa prise de sang, généralement à la fin du premier mois
- on ne peut pas choisir sa maternité, même si on a un gynéco qu’on aimerait bien garder dans l’hôpital duquel on ne dépend pas. Et d’ailleurs, les secrétaires ne veulent tout simplement même pas prendre un rendez-vous avec le gynécologue à partir du moment où on annonce qu’on est enceinte. Elles redirigent directement vers l’hôpital dont on dépend. Même si on leur affirme que le gynécologue en question veut bien suivre la grossesse car il vous a opérée quelques mois plus tôt.

Alors une fois que j’ai bien été redirigée malgré le fait que mon opération ait amené mon gynéco à dire qu’il voulait suivre ma grossesse, j’ai appelé les secrétaires du nouvel hôpital en question pour prendre un rendez-vous obstétrique et une première échographie. Mais pas de rendez-vous avant pré-inscription à la maternité. Et pour ça, il faut ramener plein de papiers et en remplir tout autant, tellement qu’à l’accueil, j’ai eu l’impression de passer le bac.
Une fois le dossier constitué, on me dit qu’il faut que je refournisse les mêmes papiers la prochaine fois que je viendrai à l’hôpital. Oui, parce que là je n’ai fait que ma pré-inscription. Parce qu’ils ne peuvent pas inscrire les futures mamans directement et leur faire un dossier quand elles viennent une première fois. Il faut qu’elles viennent d’abord une fois pour faire une pré-inscription (autant dire pour rien…) et une fois que ça a été fait, elles peuvent avoir un rendez-vous en obstétrique et ramener une nouvelle les mêmes papiers qu’elles viennent de fournir. Allélujah. Mais ensuite, elles doivent aussi aller ailleurs pour prendre rendez-vous pour une échographie. Et c’est là que ça devient drôle.

Voilà comment ça s’est passé pour moi. J’arrive dans le couloir du secrétariat, je m’assois et attends l’arrivée d’une secrétaire. Comme toutes les portes étaient grandes ouvertes, je ne savais pas quel bureau était le bon. Arrive alors une très jolie femme, grande blonde, bronzée, bien maquillée… Et avec un sourire de pitbull. Je lui demande gentiment si c’est bien là qu’on prend rendez-vous pour les échographies, et la dame me grogne un charmant “t’façon y a plus de place, allez ailleurs”… Sans même me faire entrer dans le bureau, sans même y entrer elle-même et alors encore moins en consultant le planning.

Comme je suis habituée aux secrétaires bouchées, j’ai compris de suite que ça ne servait à rien de parler avec elle. Je reviens donc à l’accueil et explique qu’une secrétaire m’a répondu qu’il n’y avait plus de place. Là, j’observe une grimace d’étonnement de la part de la responsable de l’accueil. Je rentre à la maison et décide de ne pas appeler le secrétariat, mais d’appeler alors l’accueil de l’hôpital pour demander quand même un rendez-vous en échographie. Et là, surprise! “Bien sûr, le 2 septembre ça vous va? Je sais que c’est la rentrée alors si vous voulez on peut changer. Non? Bon alors j’ai 9h et 14h, qu’est-ce qui vous conviendrait le mieux?”
C’est comme ça que j’ai eu mes rendez-vous médicaux. Et là, vous devez vous dire qu’il n’y a plus de problème, n’est-ce pas? J’aimerais bien.

Après il faut prendre rendez-vous pour la deuxième échographie. Après mon premier rendez-vous en obstétrique, j’ai voulu faire ça. Je m’y prenais en plus bien à l’avance, m’assurant ainsi une place. Faux! Quelle sottise d’avoir imaginé qu’en s’y prenant deux mois à l’avance, j’aurais un rendez-vous. “On n’a pas reçu les planning, rappelez fin septembre.”
Bien sûr… Fin septembre arrive. Début octobre même. “Rappelez dans l’après-midi, on aura les plannings, mais là y a plus de place jusqu’au 12 novembre…” Bien sûr… Arrive l’après-midi. “Désolée, on a pas reçu les plannings, rappelez lundi ou mardi.” Bien sûr… ou pas! Je vais quand même les harceler demain. Et ne pas appeler le secrétariat, mais appeler l’accueil.

Conclusion: le tout est de tomber sur la bonne personne. Et pour ça, il faut souvent s’y prendre à deux ou trois fois.